Bouddhistes et Rohingya
Ayant beaucoup voyagé dans les pays d’Asie où le bouddhisme est présent, j’ai bien sûr noté des choses que semblent se partager toutes les religions: en premier lieu l’exclusion des femmes quoiqu’en disent certains qui essaient d’expliquer que la femme est révérée dans leur religion (comme Marie ou l’épouse de Mahomet).
Mais dans le quotidien seuls les hommes ont le pouvoir (faisons une certaine exception pour le protestantisme ou l’anglicanisme). Par exemple en Birmanie les femmes ne peuvent s’approcher des statues saintes comme à Mandalay ou au Rocher d’Or. De même les nonnes sont méprisées et rabaissées même pour leur nourriture.
Soit…mais je pensais que l’esprit de tolérance et de non-violence que l’on ressent au Tibet, au Laos ou au Népal était un bien commun de cette spiritualité…Eh bien non il n’y a pas que des Dalaï lama et autre Mathieu Ricard, avec leurs paroles généreuses et sensées.
Il y aussi des méchants bouddhistes, comme ceux qui maltraitent les Rohingya, qui détruisent leurs quartiers, qui les assassinent, qui les parquent dans des ghettos, bref qui rejouent un « jeu » que l’on croyait révolu, surtout dans ce pays. Les Rohingya, de langue bengali (donc celle du Bangla Desh ou de Calcutta, mais installés pour certains depuis des générations (les premiers, esclaves des rois birmans, sont arrivés à la fin du 16ème siècle), vivant, travaillant, étudiant depuis des années, ont été déclarés apatrides par la Birmanie il y a 25 ans. Bonne façon de se débarrasser de ce peuple… comme on le voit dans les événements récents de migrants qui ne sont pas reconnus par le pays où ils vivent et qu’on préfère laisser mourir en mer ou au mieux dans des camps.
Honte à vous Bouddhistes birmans qui veulent épurer leur sol. Dorénavant le respect profond que j’avais dans les lieux comme la pagode Shwedagon se tournera en mépris. Et ce sourire délicat de la statue de Bouddha peut hélas cacher non pas l’amour et la compassion mais la haine profonde et donc stupide.
Photographie prise en 2004 à Rangoon par René Degiovani. Sous licence Creative Commons